La nuit du baptême du Prophète est la plus belle pour les femmes de Tombouctou la mystérieuse. Unique occasion pour elles de sortir comme elles l’entendent jusqu’à 5 heures du matin…
Comme Pâques pour les chrétiens, la fête du baptême de Mahomet – sept jours après le Maouloud – est basée sur le calendrier lunaire. Occasion traditionnelle de multiples réjouissances, cette solennité de Tombouctou, cité des 333 saints, a surtout une dimension religieuse.
Si la ville – qui comptait au XVe siècle trois fois plus de population qu’aujourd’hui et possédait une université islamique de renommée internationale, fréquentée par 25 000 étudiants – a quelque peu perdu de son aura, cette fête la lui restitue totalement. Vers 23 heures, les hauts dignitaires religieux et les fins lettrés de la ville, agglutinés entre un parapet et la façade de la grande Mosquée, entament des psalmodies coraniques. Chacun à son tour entonne un passage de texte sacré ou un poème de sa composition, à caractère religieux. Comme nous le confirme le frère du grand Imam de Tombouctou, le mystère est accru par le fait que fort peu de gens comprennent les textes déclamés en arabe, une langue que beaucoup ont appris à lire, mais que peu comprennent, un peu comme au XIXe siècle chez nous où les enfants apprenaient à lire, sans comprendre, dans les livres de messe écrits en latin.
Pendant les lectures, hommes et femmes de Tombouctou, surgis du sable des rues, resplendissant de drapés et de couleurs, entament une marche rituelle autour de la grande Mosquée puis s’arrêtent pour écouter les récitations.
Les femmes aux coiffures somptueuses et d’une infinie variété, rarement voilées ou alors comme des suggestions dignes de grands couturiers européens, animent la rue de leurs conversations et de leurs rires plaisants. A observer ce spectacle grandiose, une soirée de la jetset parisienne doit paraître bien terne.
Extrait sonore des récitations coraniques
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