Au Mali, le
mariage est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux futurs époux. Le
griot – musicien ambulant de génération en génération, à la fois paria et
respecté pour ses connaissances et ses talents – en a fait sa spécialité.
Mariage malien, 1re partie par Boureima Diabate
Boureïma Diabaté, professeur au lycée de Mopti, est aussi musicien traditionnel. Pratiquant les chants et les percussions des Dogons, il a été invité en Europe et en Amérique. Il a également fait partie du groupe qui a accueilli Samuel Schmid au Mali en 2005, alors président de la Confédération. Aujourd’hui, c’est en tant que griot qu’il a bien voulu nous initier aux arcanes du mariage traditionnel et à ses rites.
Mariage malien, 2e partie
Si ces pratiques traditionnelles nous instruisent sur la « valeur » de la femme, dont la dot (qui lui revient personnellement) se monte à un trentième du prix d’un « beau chameau », elles ne constituent qu’une facette du mariage qui comporte également un volet officiel : lorsqu’il veut se marier, le Malien doit d’abord, dans cet Etat laïque, choisir entre mariage monogame et mariage polygame (les musulmans ont droit à un maximum de quatre épouses) ; si ce dernier choix est fait et que la compagne potentielle ne s’en accommode pas l’officier d’Etat civil renvoie les futurs mariés en leur conseillant de réfléchir…
Mariage malien, 3e partie
On le voit donc,
l’Etat intervient dans des domaines qui ne relèvent pas que de la sphère
religieuse ou du domaine privé. Il en va de même de la délicate question de l’excision, pratique que l’Etat
cherche à interdire et dont les Maliens, assez étonnamment pour nous, parlent
plutôt ouvertement, conscients qu’ils sont de l’ancrage profond, surtout dans
les campagnes, de cet usage ancestral : circoncision et excision sont,
pour les Maliens, deux pratiques complémentaires qui visent à pouvoir
déterminer définitivement le sexe d’un individu. Dans la cosmogonie malienne,
tout être naît hermaphrodite. Le prépuce est un élément féminin, dont
l’ablation par circoncision introduit un enfant dans la communauté des mâles. Le
clitoris, « morceau mâle », doit être également enlevé pour qu’une
jeune fille accède à la communauté des femmes.
Contrairement à ce qu’affirment certains, l’excision n’est pas exigée par l’Islam mais dépend d’anciennes croyances, comme chez les Bobos qui croient qu’un homme peut mourir sur le champ pour s’être trouvé en contact avec le clitoris d’une partenaire. (Pour d’autres renseignements sur les rites et les religions du Mali : Sennen et Virginie Andriamirado : Le Mali aujourd’hui, Les Editions du Jaguar, Paris, 2003.)
Merci de partager votre voyage à travers ces textes et images des plus intéressants et attendus avec impatience! C'est un plaisir de vous suivre!
Bon vent pour cette deuxième partie de votre périple et bon retour
Nicole
Rédigé par : Nicole | 23 avril 2006 à 16:38