Sous d’autres
cieux, les gens sont moins différents que ce qu’on imagine. Les discussions
sont vives à Tombouctou autour du respect des usages et traditions,
particulièrement en ce qui concerne l’habillement des jeunes. Pendant que certains se demandent s'il faut réintroduire l'uniforme au lycée, d'autres sont plus libéraux et se prévalent de la laïcité du Mali.
Les filles qui portent tee-shirts et jeans moulants sont l’objet de
controverses animées. A travers leur habillement, les jeunes revendiquent,
comme partout ailleurs, une identité nouvelle et une certaine originalité
tandis que leurs aînés déplorent leur allure délurée et inconvenante.
Interview de notre garçon de café, par ailleurs journaliste d'une radio locale, interview du surveillant général du lycée
L’isolement de
Tombouctou - 52 jours de chameaux des premières cités arabes du nord du Sahara
et plusieurs jours de pistes ou de navigation du Sud du pays - l’a longtemps
protégée des missions « civilisatrices » du Nord et du Sud. Les
contacts directs et massifs avec le monde occidental ont été inaugurés avec le
Paris-Dakar qui, dans les années 80, faisait souvent escale à Tombouctou. A
l’époque les équipes de la course distribuaient des tee-shirts et des babioles
aux enfants si bien qu’aujourd’hui, il n’est pas un enfant de Tombouctou qui ne
sache dire « cadeau » quand il voit un « toubab ». On parle
beaucoup de désenclavement de la ville et de la région de Tombouctou. On attend
impatiemment des fonds pour construire les routes qui vont relier, l’une par le
delta intérieur du Niger, l’autre suivant la rive gauche du fleuve, la cité
mystérieuse à la capitale Bamako. Dans cette ville de sable et de vent, on parle
même de goudronner les artères principales, de paver les ruelles de la Medina. Il
n’est pas rare en effet qu’une voiture soit ensablée en pleine rue de
Tombouctou. Cependant la volonté des autorités de moderniser la ville se heurte,
nous dit le gouverneur Mamadou Togola, à l’opposition de l’UNESCO en charge de
la protection du patrimoine mondial que constituent la grande mosquée et la
vieille ville qui l’entoure.
(Actualité : http://whc.unesco.org/fr/actualites/245) Les flux
financiers à l’origine du développement économique étant plus rares que les
vents soufflant du Sahara, le sable devrait rester encore longtemps
l’ingrédient principal des rues, et le treizième condiment des menus de
Tombouctou.
Mais le vêtement
n’est que la partie visible des transformations qui commencent de laminer la
société tombouctienne traditionnelle. Avec les médias audiovisuels qui
colonisent une bonne partie des foyers, et l’Internet, les habitants de
Tombouctou découvrent les ingrédients de la modernité occidentale. Au-delà du
discours parfois moralisateur, l’habillement à l’européenne est perçu comme une
menace pour l’identité culturelle des habitants de la ville de Tombouctou.
Bravo et bon retour !
Rédigé par : Christine | 26 avril 2006 à 23:47