Le Mali, comme les autres pays du Sahel, dispose de
peu de moyens. On dit au pays : « Le sel vient du Nord, l’or vient du
Sud, l’argent vient du pays des Blancs… ». Dans un pays où les besoins
fondamentaux ne sont souvent pas couverts, l’essentiel des ressources est
monopolisé par les nécessités immédiates. De ce fait, l’éducation spécialisée
ainsi que la formation continue des enseignants sont laissées à l’initiative
des privés ou des organisations internationales : le lycée de Tombouctou
a, par exemple, mis à la disposition de dix-sept enfants sourds-muets, une
salle de classe où deux enseignants, payés par les parents et une ONG
norvégienne, apprennent le langage des signes à ces jeunes handicapés.
Généralement, ce sont de grandes organisations
internationales dépendant de l’ONU qui financent les programmes de formation
continue des enseignants. Parfois, des entreprises privées y contribuent
également, comme SWISSCOM (par sa filiale ENGACOM), qui, au lycée Mahamane
Alassane Haïdara de Tombouctou, en collaboration avec l’Union Internationale
des Télécommunications (UIT) et les ministères maliens de l’Education et des
Télécommunications, a permis de donner aux enseignants une formation sur l’utilisation
de la plateforme collaborative Educanet2, promue par l’organisme suisse
EDUCA (anciennement CTIE).
Le Collège du Sud de Bulle, dont nous sommes deux
enseignants, collabore depuis quelques mois déjà avec le lycée de Tombouctou.
Des professeurs et des classes, de Bulle et de Tombouctou, échangent par
Internet des points de vue sur l’eau, le mode de vie, la famille, la religion,
les moyens d’
Il faut dire
que certains enseignants avaient déjà reçu une formation de base en Suisse et
au Mali en 2003. Nous avons donc opté pour une formation axée sur l’Internet et
qui permette des échanges culturels et un partage du savoir entre Maliens et
Suisses. Hier et aujourd’hui, les enseignants maliens sont partis en reportage
dans la ville, munis d’appareils photos numériques et de dictaphones, pour
recueillir des images et des sons. Ils ont ensuite travaillé ces différents
matériaux pour nourrir les divers sites Internet en construction sur Educanet2.
Dans un pays où règne pour beaucoup la malnutrition et/ou la sous-nutrition, on est en droit de se demander s’il s’agit bien là de l’aide la plus urgente. Mais il faut savoir qu’à Tombouctou le papier est rare et la feuille locale (une page), paraissant mensuellement et recueillant quelques informations ou ragots locaux porte le nom éloquent de « Silence ». Les gens n'en sont pas moins avides d'information. En dehors des heures de cours, le lycée ouvre ses portes et sa salle d'informatique pour recevoir les élèves des classes et les professeurs qui viennent communiquer et s'informer. Internet constitue donc un moyen incomparable d’accéder à des informations d’une utilité évidente (que ce soit dans le domaine de la santé, de l’alimentation ou des techniques de production) d’en produire et de les échanger.
On a grand plaisir à suivre vos aventures maliennes - tout roule à merveille semble-t-il- et on se réjouit de pouvoir en parler de vive voix à ton retour.
A tout bientôt
Stéphanie
Rédigé par : Stéphanie | 21 avril 2006 à 09:33